
Le cycle de vie des objets
Tout objet, tout produit, connaît un début et une fin de vie…
Le cycle de vie des objets représente toutes les étapes qu’un produit ou un objet va connaître, de sa création à sa fin de vie. De nos jours, le cycle de vie le plus communément observé est un cycle linéaire et fini (par opposition à un cycle circulaire).
À l’origine de ce cycle de vie linéaire, il y a l’extraction d’une ou de plusieurs ressources naturelles. L’humain les extrait puis les achemine dans des usines de transformation, où elles deviennent des objets ou des produits consommables. Ceux-ci prennent ensuite la route vers des lieux de distribution et finalement vers des points d’achat, où nous pouvons les acquérir. Une fois utilisés ou consommés, les produits sont généralement jetés, puis collectés et enfin enfouis.
Extraction des ressources naturelles
De manière générale, une ressource naturelle est une substance, un organisme ou une matière présente dans la nature. L’humain l’extrait dans le but de la transformer puis de l’utiliser, soit comme énergie, soit comme matériau de fabrication, soit comme aliment.
Classification des ressources naturelles [1] :
L’extraction des matières premières et leur transformation en produits finis engendrent de nombreux impacts environnementaux. Elles accroissent la pression sur les réserves de ressources naturelles (surtout sur celles qui ne sont pas renouvelables, comme le pétrole), altèrent les écosystèmes et les habitats naturels et contaminent, à divers degrés, l’eau, l’air et le sol [2]. Le transport des matières premières vers les lieux de transformation et de production et le transport des produits vers les lieux de consommation ont également un gros impact environnemental. L’énergie nécessaire et les méthodes de travail utilisées pour extraire les ressources sont d’importantes sources de gaz à effet de serre (GES).
Fabrication/Production/Transformation
Les ressources naturelles sont ensuite transformées en produits consommables.
Tout processus de transformation implique l’utilisation d’énergie (électricité, carburant, etc.), de ressources matérielles et humaines. La majorité de l’énergie utilisée dans la production de produits génère des GES [3]. En effet, l’industrie de la production (incluant les industries manufacturières, la construction et les procédés industriels et agricoles) est la première source de GES au Canada. [4]
Distribution
Les produits terminés sont emballés et distribués. Cette distribution peut se faire par voie terrestre (train, camion), aérienne ou maritime. Les moyens de transport représentent aujourd’hui la 2e plus grande source d’émission de CO2 au Canada.[5]
L’empreinte carbone, qui permet de mesurer le taux d’émissions des GES, est exprimée en équivalent carbone (ou équivalent CO2 ou eq CO2).[6] Dans le cas d’un trajet, ce taux correspond aux gaz émis lors du trajet en lui-même et à toute l’énergie dépensée pour sa mise en œuvre (l’entretien du véhicule, etc.). Pour 1 km parcouru, l’empreinte carbone d’un avion est en moyenne de 360 g d’eq CO2, contre 150 g d’eqCO2 pour une voiture[7]. On multiplie ensuite ces chiffres par le nombre de kilomètres parcourus pour connaître le taux de GES généré par un trajet.
Empreinte carbone pour un trajet de 836 km (de Québec à New-York) [8] :
Les grands cargos de transport, de par la taille de leurs moteurs et le carburant qu’ils utilisent, polluent à eux seuls autant que les 760 millions d’automobiles de la planète ![9]
Utilisation
Une fois la distribution des produits effectuée dans les différents points d’achats, nous pouvons en faire l’acquisition. C’est à ce moment-là que nous devenons des consommateurs (ou utilisateurs).
Il peut être difficile de se rendre compte du circuit déjà réalisé par les objets au moment où nous les achetons. Les étiquettes ne retracent pas toutes les étapes qui précèdent la consommation.
Déchet/Enfouissement :
Tout objet qui cesse d’être utilisable entame sa fin de vie. Il est mis à la poubelle, collecté, puis enfoui. Ainsi s’achève le cycle de vie traditionnel des objets.
Cette étape a toute son importance car lorsqu’elle est mal réalisée, certains déchets se retrouvent dans nos rues, dans nos égouts, dans nos forêts, dans nos océans… La faune et la flore sont polluées et mises en danger par ces déchets. Un mégot de cigarette, par exemple, pollue à lui seul jusqu’à 500 litres d’eau[10] [11]. Les substances chimiques présentes dans les filtres de cigarette intoxiquent également les plantes. Des déchets plastiques forment aujourd’hui des îles dans nos océans, ou sont retrouvés à l’intérieur des animaux marins.
Les alternatives au cycle traditionnel linéaire
Des alternatives à ce cycle de vie existent. Elles sont plus écoresponsables et plus raisonnables. L’objectif d’un mode de vie et d’une société « zéro déchet » est de diminuer la production de nouveaux objets (et donc l’extraction des ressources naturelles) et l’enfouissement de déchets.
Nous cherchons à rendre le cycle de vie des objets circulaire et de plus en plus court.
Les 3RV-E
Les 3RV-E, c’est un principe de gestion des matières résiduelles qui vise à la réduction de l’extraction des ressources et de la création de déchets. Ce sigle signifie : réduire à la source, réemployer, recycler, valoriser, éliminer.
Dans la vidéo que nous avons réalisée et que nous vous présentons ci-après, nous parlons volontairement des 3RV-E dans l’autre sens, car nous pensons que toutes les étapes qui constituent le 3RV-E conduisent à l’objectif final qu’est le « zéro déchet ». Comme nous allons le voir, le recyclage et le réemploi sont des solutions essentielles pour la réduction des déchets, mais insuffisantes pour une éradication totale des déchets.
Le recyclage :
Certaines matières peuvent être recyclées. Nous avons chez nous des bacs de récupération pour les matières recyclables et des bacs de compostage pour nos résidus alimentaires.
Une fois collectées, ces matières sont à nouveau acheminées vers des usines de transformation et on leur donne une nouvelle forme.[12]
Dans l’est de Montréal les résidus alimentaires collectés sont accumulés et transformés en compost. C’est un exemple de valorisation : la matière résiduelle devient une autre matière ou énergie utile. Le processus de compostage créé de l’énergie (appelée biogaz) qui pourrait, elle aussi, être exploitée. Ce compost peut ensuite être utilisé dans les plates-bandes, les espaces verts et les remblais.
Cycle du compostage [17] :
En recyclant, en compostant, on évite ainsi l’augmentation de déchets destinés à l’enfouissement. Cependant, ce sont des procédés qui ont aussi un coût environnemental et monétaire. Certaines matières ne peuvent pas se recycler à l’infini et faire fonctionner des usines de recyclage demande des ressources énergétiques.
Avantages et inconvénients du recyclage [13] :
Le Réemploi :
Pour pallier à l’abondance de déchets à recycler et désengorger les usines de transformation et les sites d’enfouissement, on peut aussi adopter de nouvelles habitudes de consommation, en faisant par exemple du réemploi.
Dans la catégorie « réemploi », on trouve trois sous-catégories : on peut réutiliser (ce qui implique un entretien de l’objet), partager ou revendre un produit. Réemployer permet de rendre le cycle de vie circulaire et presque infini. Une fois qu’un produit est entré dans le réseau de distribution, il est utilisé à répétition et ne connaît une fin de vie qu’après plusieurs utilisations, voire jamais.[14] Pour être avantageux, le réemploi doit remplacer l’achat de produits neufs et non s’y ajouter.[15]
Si les consommateurs cessent d’acheter un certain type de produit neuf, il cessera d’être produit ! Ce qui nous emmène à notre troisième point : la réduction !
La Réduction :
Le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas.
Le « zéro déchet », c’est éviter la production de déchet. Mais pour préserver notre écosystème, il est important de réduire aussi l’extraction des ressources naturelles. La réduction, c’est donc un changement dans les habitudes de consommation (je consomme moins et mieux) vers une disparition totale du cycle de vie et la préservation des ressources naturelles. C’est le refus de la surconsommation, le refus d’acheter des objets à usage unique conçus à partir de matières premières non-renouvelables, le refus des tendances. La réduction n’implique pas un retour à l’âge de pierre, mais tend, au contraire, vers l’optimisation parfaite de nos ressources et des technologies de pointe. La conception même des objets doit à son tour devenir plus écoresponsable.
Que font les institutions ?
Les changements dans les habitudes de consommation des citoyens-nes vont de pair avec les décisions des gouvernements, des industries et des commerces. Chacun doit contribuer. Nous, citoyens-nes, ne sommes pas les uniques responsables de la crise écologique actuelle.
Au-dessus de nous, il y a des institutions, des industries, des politiques, des aspects financiers… qui influencent nos choix et n’orientent pas les politiques vers des solutions salutaires et écoresponsables. Ces influences sont multiples : l’obsolescence, la sollicitation publicitaire, le fait que la réduction de la consommation soit considérée comme dommageable à l’économie, etc.[16]
Ce phénomène peut sembler trop puissant et générer un sentiment d’anxiété écologique très fort. Ne perdons pas de vue que nous avons dans nos mains le pouvoir d’agir pour nous-mêmes et de faire pression sur ces institutions.
Nous pouvons mobiliser nos forces et, collectivement, réclamer le changement, l’insuffler.
Il existe des initiatives citoyennes et des moyens de pression auxquels nous pouvons joindre nos forces. Chaque voix à son importance…
Mobilisons-nous !
RESSOURCES:
Se mobiliser, agir, s’informer :
Pétition « Demandez aux grands pollueurs plastiques de faire leur part ! » : https://www.greenpeace.org/canada/fr/agir/liberons-nous-du-plastique/
Semaine québécoise de réduction des déchets : https://sqrd.org/
Opération « verre vert » : https://www.facebook.com/operationverrevert/
Centre québécois du droit de l’environnement : https://www.cqde.org/fr/
Tout déballer, un documentaire produit par l’UQAM : https://toutdeballer.uqam.ca/
Mieux comprendre
Les acteurs de l’économie circulaire : https://www.quebeccirculaire.org/static/acteurs-de-l-economie-circulaire.html
Assises québécoises de l’économie circulaire : https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/entreprises-organismes/mieux-gerer/economie-circulaire/assises
La réduction à la source : https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/sites/default/files/documents/Fiche-info-reduction.pdf
Les différents types de GES : http://www.environnement.gouv.qc.ca/air/questce-ges.htm
Combien d’arbres planter pour compenser mon empreinte carbone ?
Calculateur de compensation carbone : https://calculcarbone.org/
Quatre organismes qui offrent la possibilité de calculer et de compenser ses émissions de GES :
Carbone boréal : http://carboneboreal.uqac.ca/accueil/
Compensation CO2 Québec : https://www.compensationco2.ca/fr/
Planetair : https://planetair.ca/
Less : https://www.less.ca/en-ca/flights.cfm?auidhttps://planetair.ca/fr/index.sn=ac
Articles de loi et actions concrètes en faveur de la préservation de l’environnement :
Règlement interdisant les plastiques à usage unique : https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/gestion-reduction-dechets/reduire-dechets-plastique/apercu-plastique-usage-unique.html
Charte sur les plastiques dans les océans : https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/gestion-reduction-dechets/engagements-internationaux/charte-plastiques-ocean.html
Politique québécoise de gestion des matières résiduelles : http://www.environnement.gouv.qc.ca/matieres/pgmr/
RÉFÉRENCES
[1] https://en.wikipedia.org/wiki/Natural_resource
[2] https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/sites/default/files/documents/Fiche-info-reduction.pdf
[3] Plus d’informations sur les gaz à effet de serre : http://www.environnement.gouv.qc.ca/air/questce-ges.htm
[4] Rapport d’inventaire national 1990–2016 : sources et puits de gaz à effet de serre au Canada : https://www.canada.ca/content/dam/eccc/documents/pdf/climate-change/emissions-inventories-reporting/nir-executive-summary/Rapport%20Inventaire%20National%20Sommaire%202018.pdf
[5] Rapport d’inventaire national 1990–2016 : sources et puits de gaz à effet de serre au Canada : https://www.canada.ca/content/dam/eccc/documents/pdf/climate-change/emissions-inventories-reporting/nir-executive-summary/Rapport%20Inventaire%20National%20Sommaire%202018.pdf
[6] https://www.connaissancedesenergies.org/gaz-effet-de-serre-quest-ce-que-l-equivalent-co2-170807
[7] https://consommerresponsable.com/empreinte-carbone-mode-de-transport-plus-polluant/
[8] https://www.lesoleil.com/chroniques/jean-francois-cliche/auto-vs-avion-qui-pollue-le-plus-5542a185f5c856b906a8bbf449e86a1d
[9] Article de The Guardian, paru le 9 avril 2009 : https://www.theguardian.com/environment/2009/apr/09/shipping-pollution
[10] https://www.lapresse.ca/actualites/enquetes/201907/19/01-5234533-montreal-un-cendrier-a-ciel-ouvert.php
[11] https://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=9257,143268754&_dad=portal&_schema=PORTAL
[12] Que deviennent les matières récupérées ? : https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/citoyens/mieux-recuperer/que-deviennent-les-matieres-recuperees
[13] Acheter recyclé : https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/citoyens/mieux-consommer/acheter-recycle
[14] Article de l’Éco-quartier MHM : http://ecomhm.com/news/leconomie-de-seconde-main-canada-milliards-de-biens-detournes-de-lenfouissement-annee/
[15] Le réemploi des matières résiduelles : https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/sites/default/files/documents/Fiche-info-reemploi.pdf
[16] La réduction à la source : https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/sites/default/files/documents/Fiche-info-reduction.pdf
[17] Guide zéro-déchet : http://vertsluisants.fr/index.php?article1/zero-dechet

